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Protection sociale des données

A antanak    


Un article intéressant de Lionel Maurel et Laura Aufrère, publié en CC et diffusé par la Quadrature du Net (février 2018).

Extraits :
"Si les données personnelles sont toujours des « données d’intérêt général » et si cette notion traduit l’idée que nous disposons d’un droit inaliénable à décider collectivement des conditions de leur usage, alors il nous faut inventer de nouvelles formes de discussions collectives, distinctes des figures imposées de la démocratie politique, en allant par exemple chercher de l’inspiration du côté des institutions de la démocratie sociales."

"Le défi qui serait le nôtre aujourd’hui, relativement à la protection des données, pourrait donc s’énoncer ainsi : comment tenir compte, de la nature relationnelle, et donc aussi collective, à la fois de la donnée (une donnée n’est jamais que la transcription numérique d’une relation entre un individu son milieu, laquelle n’acquiert d’utilité, dans le contexte d’analyses de type big data, que mise en rapport avec des données « émises » par les comportements d’autres individus), et de ce qui mérite d’être protégé, y compris à travers la protection des données ?" Antoinette ROUVROY

"Le consentement, qui était déjà très présent dans le droit de la protection des données personnelles, notamment pour l’accès aux données sensibles, devient véritablement la clé de voûte de l’édifice juridique. Un consentement, supposé libre et éclairé, mais dont on sait à quel point il peut bien souvent n’être qu’éclairé à la chandelle, voire plongé dans le noir des CGU, les conditions générales d’usages, incompréhensibles pour le commun des citoyens. Un consentement que l’on doit accorder dans la solitude du dialogue avec l’écran de son ordinateur ou son téléphone mobile.
Pour contrebalancer ce biais, le législateur européen a notamment introduit dans le règlement l’obligation de « protection de la vie privée dès la conception » (privacy by design) qui doit amener les organisations, publiques comme privées, à penser leurs choix technologiques et organisationnels, le parcours de l’utilisateur dans le service, de telle manière que celui-ci puisse comprendre quels sont les choix qui s’offrent à lui. Reste à voir comment concrètement ces injonctions se traduiront et jusqu’à quel point elles permettront une forme de montée en compétence de l’utilisateur sur ses droits numériques" Valérie PEUGEOT